De l’assassinat de Samuel Paty aux assignations identitaires. Retour sur un passé décomposé. (...)

20 septembre 2021 | Laurent Colantonio

 



 

De l’assassinat de Samuel Paty aux assignations identitaires.

Retour sur un passé décomposé.

 

Rencontre publique organisée par le CVUH

2 octobre 2021,

10h à 18h

Université Paris I, amphithéâtre, 9 rue Malher, 75004 Paris

 

En hommage à Marianne Debouzy

 

La décapitation de Samuel Paty par un islamiste a provoqué un choc. L’école est certes directement concernée mais l’histoire est interpellée. Les historiens se doivent d’éclairer, non l’événement en lui-même, amplement commenté, mais le symptôme du dysfonctionnement social qu’il représente.

La situation délétère de la recherche et de l’enseignement soumis aux critiques ministérielles adressées aux islamogauchistes de l’université en est un premier signe. Plus profondément les incompréhensions liées à l’usage de certains concepts, l’absence de rigueur des commentateurs, le repli identitaire ou communautaire, nous imposent de remonter le temps.

Il nous faut saisir les effets d’un processus historique complexe qui, aujourd’hui, dans plusieurs pays, fait advenir un clivage entre les populations d’un même territoire. D'autant que l’émergence d’un nouveau fascisme s’accompagne d’une accentuation des différentes formes de racisme et d’antisémitisme.

Comment en est-on arrivé là ?

Plusieurs questions se posent. Plutôt que de se diriger vers une humanité plurielle, les sociétés se séparent en collectifs opposés, rivaux. Les antagonismes sociaux semblent masqués par les oppositions de races, de culture, de religion et de genre. L’universel n’est saisissable qu’à travers ses apories.

Comme si, après des décennies d’humiliations et d’offenses, des siècles d’esclavage et de colonisation des sociétés modernes – elles-mêmes vouées au culte de la marchandise , l’affirmation de soi, quel que soit le référent – tradition, religion, culture, nation, souveraineté, laïcité, genre –, était l’unique moyen à la disposition de tous et de chacune. Les rapports humains sont désormais profondément marqués par le ressentiment.

La traite comme l’esclavage ont laissé des traces indélébiles et la colonisation a eu des effets sur plusieurs générations. Le savoir ne suffit pas. Ouvrir l’enseignement de l’histoire aux antagonismes d’hier sans la moindre omission est le plus court chemin vers la quête d'une vérité passée. Nous éviterions ainsi l'instrumentalisation d'une histoire conflictuelle au gré des causes à défendre ou à imposer.

Cette journée n’est qu’une contribution. Nous espérons qu’elle sera suivie d’autres rencontres en réunissant professeurs et étudiants : du collège à l’université. C’est d’eux et de toutes celles qui aujourd'hui s'interrogent sur le devenir des sociétés dont dépend la formation à venir. Leur réflexion critique autant que leurs expériences doivent être entendues. 

Le CVUH se fera l’écho de la discussion. Nous avons délibérément laissé du temps aux échanges au cours de cette journée.

 

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