Café-débat : Problématiques de la reconnaissance - Jean-Pierre Babin

Bitin Caraibe - 18/11/2013

à La Casa del Tango - Jarry
Jeudi 21 novembre 2013 à 19h

Nous vous invitons à notre prochain café-débat qui se tiendra le jeudi 21 novembre 2013 à partir de 19 heures à La Casa del Tango, 651 rue Alfred Lumière à Jarry.

Le thème retenu porte sur le problème de la reconnaissance. En effet, nous pensons que toute quête identitaire, toute construction de soi, tant au plan du psychique personnel (ce que montre la psychanalyse) que dans la sphère collective (ce qui relève de la philosophie politique) est confrontée au problème de la reconnaissance.

Problématiques de la reconnaissance.

Par Jean-Pierre Babin
(Professeur de philosophie en classes préparatoires au lycée de Baimbridge)

Paul Ricœur écrivait en 2004 dans Parcours de la reconnaissance, son dernier livre :

« la demande de reconnaissance, affective, juridique et sociale, par son style militant et conflictuel, ne se résout-elle pas en une demande indéfinie, figure de « mauvais infini » ? La question ne concerne pas seulement les sentiments négatifs de manque de reconnaissance, mais bien les capacités conquises, ainsi livrées à une quête insatiable. La tentation est ici d’une nouvelle forme de « conscience malheureuse », sous les espèces soit d’un sentiment inguérissable de victimisation, soit d’une infatigable postulation d’idéaux hors d’atteinte » (Folio essais, p. 338).

Cette question me paraît doublement fondamentale, dans la forme générale qu’en donne Ricœur tout comme dans son application possible à la Guadeloupe en particulier : d’une part, parce qu’il ne s’agit pas de contester l’importance essentielle, pour un individu comme pour un groupe humain, d’être reconnu dans son identité propre, mais d’interroger le modèle de la lutte, voire du combat pour la reconnaissance, hérité de Hegel. Or, la fameuse dialectique du maître et de l’esclave a entre autres nourri la pensée anti-colonialiste, par exemple chez Fanon.

Pour autant, faut-il encore penser aujourd’hui la question de la reconnaissance, pour la Guadeloupe ou les autres territoires ultra-marins qui n’ont pas pris la voie de l’indépendance, sous l’angle du combat ?

Ne serait-il pas pertinent au contraire de distinguer entre combat et lutte, celle-ci ne s’effectuant pas contre autrui mais avec lui et, aussi, avec soi-même ?
D’autre part, quoique de manière indissociable, comment éviter que la demande de reconnaissance ne reste éternellement insatisfaite ?

Ce doute de Ricœur, comme il l’appelle lui-même : « Quand, demanderons-nous, un sujet s’estimera-t-il véritablement reconnu ? » (p. 337), semble valoir remarquablement pour les régions françaises éloignées et/ou douées d’une identité singulière : les outre-mer, mais aussi la Corse, le pays Basque, voire la Bretagne ou l’Alsace.

Il s’agira dès lors de proposer à la réflexion des voies possibles vers une reconnaissance meilleure, par les autres et de soi.

Jean-Pierre Babin

La Casa del Tango
651 rue Alfred Lumière
à Jarry

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 18/11/2013

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