La Nuit rwandaise n°4

Bitin - 10/05/2010
Image:La Nuit rwandaise n°4

13 mai, jour du repentir
50 ans de néo-colonialisme

2010, 50 ans de néo-colonialisme.

La Nuit rwandaise, revue annuelle consacrée à l’implication
française dans le génocide des Tutsi, paraît cette année le
13 mai en mémoire des résistants de Bisesero, victimes
de la barbarie coloniale. Le 13 mai, jour du repentir.

À l’heure de boucler cette revue annuelle, on peut lire, au bistrot,
dans Le parisien libéré du jour, des nouvelles de Camerone. Comme
tous les ans à pareille date, le 30 avril, toutes les unités de la Légion
étrangère célèbrent l’anniversaire de la bataille livrée contre 2000
soldats mexicains par soixante légionnaires, près de Veracruz, en
1863. Cette année 2010, l’événement se célèbre avec une splendeur
inaccoutumée. Le ministre de la défense lui-même, Hervé Morin,
dirige une délégation au Mexique, sur les lieux de ce combat légendaire.
Il est accompagné de deux unités de la Légion, fait sans précédent
depuis 147 ans, et depuis plus d’un siècle que, chaque année,
cette bataille fait l’objet de la fête annuelle des légionnaires.
Cette présence française au Mexique marque avec éclat l’excellente
qualité des relations franco-mexicaines qui remonte au milieu
des années 80, mais qui sera scellée solennellement par Jacques
Chirac, en novembre 1998, lors de sa “visite d’État” au Mexique, à
l’occasion de laquelle il pouvait prononcer un discours devant le
Parlement mexicain, exceptionnellement réuni en Congrès. [Voir à
ce sujet l’article sur la coopération policière franco-mexicaine dans ce
numéro.]

C’est alors que seront signés, discrètement, de nombreux
accords, en particulier de coopération policière, consistant à fournir
à la police mexicaine tout l’encadrement nécessaire pour la guerre de
“basse intensité” livrée contre les zapatistes des Chiapas d’abord, puis
contre la révolte du peuple de Oaxaca, et partout ailleurs.
La guerre dite de “basse intensité” au Mexique, c’est bien sûr la
mieux connue “guerre révolutionnaire”, avec son cortège de manipulations,
tortures, disparitions. La “guerre psychologique”. On doit en
particulier à la coopération franco-mexicaine la création de la PFP,
“police fédérale préventive”, célèbre pour son emploi contre les mouvements
sociaux, qu’il s’agisse des étudiants occupant l’université de
Mexico, l’Unam, en 2000, ou de la fermeture d’une radio communautaire
à Oaxaca en 2005. Mais c’est plus encore contre les mineurs
de Sicartsa, ou pour réprimer la révolte de la ville d’Atenco, en avril
et mai 2006, que la PFP se distinguera pour sa sauvagerie, faisant des
morts et de nombreux blessés à chacune de ces interventions.
L’insurrection de la Commune de Oaxaca sera combattue par la
PFP avec énergie, de 2006 à ce jour. Ainsi, ce 27 avril 2010, une caravane
de solidarité formée par des membres d’organisations civiles
mexicaines et internationales a été attaquée alors qu’elle se rendait à
la communauté indienne autonome de San Juan Copala. Ce jour-là,
une vingtaine de paramilitaires a mitraillé le convoi, faisant deux morts et une quinzaine de blessés. Certains participants étaient “capturés”, d’autres ont réussi à s’enfuir dans les montagnes. « Alberta “Bety”
Cariño, directrice du collectif CACTUS, et Tyri Antero Jaakkola, observateur
international finlandais, ont perdu la vie dans cette embuscade meurtrière
et préméditée »
, informait, ce 30 avril justement, un collectif d’associations
parisiennes. « Cette guerre sociale franchit un nouveau palier
dans la barbarie et ne cherche même plus à se dissimuler »
peut-il ajouter.

Le même 30 avril, c’est sur le cadavre des militants des droits de
l’Homme assassinés à San Juan Copola trois jours plus tôt que Hervé
Morin pouvait célébrer la gloire de la Légion à Camerone, conjointement
avec un ministre mexicain.

Au quartier général de la Légion aussi, à Aubagne, se tenait,
comme tous les ans, la fête annuelle des légionnaires. Cette année, se
produisait là un autre événement, encore plus notable que la cérémonie
mexicaine : c’est à Roger Faulques que revenait “l’honneur
suprême” de porter la prothèse en bois du capitaine Danjou, mort à
Camerone à la tête de ses hommes, en 1863. Le “chef d’escadron”
Faulques, aujourd’hui âgé de 86 ans, est une légende vivante de la
guerre révolutionnaire. “Héros” de la bataille d’Alger, « par des
moyens qui ne sont pas ceux de la guerre en dentelle, Faulques causait
alors de gros dommages au FLN »
, rappelle Jean Guisnel, dans Le Point
de cette semaine.

Après la guerre d’Algérie, le commandant Faulques a ensuite
livré la guerre du Katanga, où il sut affronter, héroïquement encore, les
troupes de l’Onu qui cherchaient à rétablir la légalité internationale,
contre la tentative de sécession organisée au Congo belge par le gouvernement
de Charles de Gaulle. Spécialiste en tentatives de sécessions
meurtières et foireuses, Faulques se retrouvera ensuite au Biafra.
Depuis, il s’était retiré sur ses terres, dit Guisnel. Au pays du crime permanent,
les assassins ont ainsi droit à la paix – et à la gloire.

Michel Sitbon

496 pages • 15 euros

A partir du 13 mai, dans toutes les bonnes librairies, ou en commande sur le site de Lady Long Solo.

___

La Nuit rwandaise, un site réalisé par Bitin•fr

Bitin•fr - Création de sites et de contenus

Vous avez des idées ?
Nous avons les solutions : contactez-nous !

 10/05/2010

 En image

Articles référencés 

Comment ranger sa bibliothèque de livres numériques ?
28/03/2024
Ceux qui veulent rendre l'humanité « meilleure »
28/03/2024
Pour en finir avec les punaises de lit
26/03/2024