Débat CVUH (10 avril 2021), autour du livre de Gérard Noiriel et Stéphane Beaud, Race et sciences (...)

29 mai 2021 | Laurent Colantonio

 


Intervenant.es

Sonia Combe : tour d'horizon des différentes positions

Olivier Le Trocquer : Présentation du livre de N&B

Éric Aunoble : La dynamique de la polémique

Michèle Riot-Sarcey : Les enjeux du débat soulevé par le livre de N&B

Nelcya Delanoë : Comment la question se pose aux États-Unis

 

Ce débat, mené le 10 avril, autour du livre de Gérard Noiriel et Stéphane Beaud est destiné à la préparation d’une rencontre sur un sujet beaucoup plus large qui aura lieu, si le présentiel est possible, le 2 octobre 2021.

Le livre, paru fin janvier, s’intitule : Race et sciences sociales. Essai sur les usages publics d’une catégorie. Sa sortie a été précédée d’un article paru un mois auparavant dans Le Monde diplomatique et intitulé « Les impasses des politiques identitaires » (Un militantisme qui divise les classes populaires).

Le livre est sorti au moment où la ministre de l’Enseignement supérieur, Frédérique Vidal, demandait une enquête sur « l’islamo-gauchisme » qui gangrènerait la société dans son ensemble ainsi que l’université afin de faire la distinction entre travaux académiques et militantisme.  

Il est important de mentionner le contexte car, même si Noiriel et Beaud ne pouvaient le prévoir lorsqu’ils écrivaient leur livre, on peut dire qu’il est tombé à point nommé pour jeter de l’huile sur le feu. Non parce qu’ils seraient d’accord avec Frédérique Vidal, mais parce que l’un de leurs reproches adressés à des sociologues et des historiens serait de ne pas faire la distinction entre la vocation et le métier de savant, d’un côté, et la vocation et le métier de politicien de l’autre (cf. Max Weber).

S’en est suivie une polémique qui s’est déroulée surtout sur les réseaux sociaux où le livre et l’article ont fait l’objet de violentes attaques. Au point qu’une pétition (15 mars) a rappelé le respect d’ « une éthique de la discussion ». On peut faire une remarque à ce sujet sur le fait que le CVUH a alors manqué de réactivité. Nous tenterons d’être plus vigilants à l’avenir.

 

Tour d'horizon des différentes positions : introduction par Sonia Combe

Noiriel et Beaud avancent le point de vue que le repli identitaire – sur la « race » amènerait les couches défavorisées à s’enfermer dans leur statut de victimes et les empêcherait de voir que leur existence sociale est déterminée par leur appartenance aux couches populaires. À se focaliser sur la « race », on en viendrait à oublier la classe, ce qui s’inscrit dans le contexte de l’effondrement des espoirs collectifs portés par le mouvement ouvrier et communiste.

Il leur est reproché le flou dans l’emploi de mots comme « gauche identitaire » et « politique identitaire », d’amalgamer des courants différents (ainsi la pétition concernant le manifeste pour une république antiraciste et décolonisée et l’appel contre la racialisation de la question sociale de ceux qui voudraient faire de la France un Etat raciste (Marianne). Ils oublieraient que l’oppression raciale s’imbrique avec l’exploitation de classe et ils sous-estimeraient – comme la gauche traditionnelle l’a toujours fait - la question de race (et secondairement de genre). Un reproche récurrent concerne des récentes recherches – et même pas si récentes que ça – qu’ils auraient ignorées, lesquelles recherches qui auraient pris en compte toutes les dimensions de la domination/la discrimination, n’auraient pas pour autant oublié que la question raciale était aussi une question sociale. Le mal, enfin, viendrait selon eux de l’américanisation de nos sociétés.

 

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