Café-débat : citoyenneté guadeloupéenne - mise en perspective

Bitin Caraibe - 1er/02/2012
Image:Café-débat : citoyenneté guadeloupéenne - mise en perspective

Jeudi 2 février 2012
@ La Casa del Tango (Jarry, Guadeloupe)

jeudi 2 février 2012, à partir de 19h

Par Jean-Pierre SAINTON

Difficultés et obstacles à la citoyenneté guadeloupéenne : un essai de mise en perspective à partir de l’histoire.

Où pourrait s’articuler la citoyenneté guadeloupéenne que nous appelons de nos vœux ?

La réflexion ne vise pas à produire une réponse, ni positive ni définitive, à cette question mais se situe dans la perspective de la déconstruction des concepts figés dont nous usons habituellement pour penser le politique en Guadeloupe (identité, conscience identitaire, citoyenneté, république, socialisme, etc.) et de la sortie des « solutions » politiques prêt-à-porter qui depuis une cinquantaine d’années tournent en rond autour du couple vicieux « intégration – séparation » que nous pouvons lire comme acceptation de la sujétion politique, adhésion à la nationalité et à la citoyenneté française, renoncement au soi ou bien révolte, négation, sortie du corps politique français.

De toute évidence, ce vis-à-vis manichéen d’un demi-siècle n’a pas produit une citoyenneté guadeloupéenne, non plus qu’une pensée efficiente du politique guadeloupéen. Il ne s’agit pas non plus de postuler une « troisième voie » de synthèse (comme le sucre) qui ne satisferait que l’apriori sans non plus se fonder nulle part.

En fait, toute projection politique est illusoire si, ayant formulé l’objectif (que nous conviendrons d’appeler l’Emancipation) elle ne part pas de l’analyse des constructions sociales et politiques, ainsi que des systèmes de représentation tels qu’ils résultent de l’histoire.

Les historiens des phénomènes politiques usent du concept de « cultures politiques », concept emprunté aux politologues, et réinterprétré à partir de l’anthropologie historique qui a puisé dans la démarche et les méthodes de l’histoire des cultures et des mentalités pour décrypter les idées, comportements et actions politiques inscrits dans la durée, la rémanence ou la synthèse.

Cependant l’histoire est une science non déterministe et non prédictive, plus objectivante que spéculative. Si elle ne produit pas en tant que tels des outils théoriques pour comprendre le présent, elle peut ouvrir toutefois à la compréhension des résultantes du présent en étudiant les expériences du passé et de ce fait permet d’approcher les notions essentielles que sont les notions de temps, de dynamiques, de flux, de conjonctures, de contexte etc.

En un mot, le privilège de l’historien est de pouvoir connaitre ce qui s’est vraiment passé, comment les choses ont bougé et se sont transformées. Ainsi, peut-il percevoir les forces à l’œuvre dans les configurations présentes sans jamais cependant oublier que rien n’est écrit , qu’il n’ y a aucun déterminisme. L’histoire se fait au présent !

Comment donc ont été historiquement (et successivement) pensé la relation avec le territoire, quelle a été la relation du corps social avec l’Etat ? qu’ont signifié les institutions ? les classes, couches et catégories sociales ont-elles jamais eu ici le sentiment d’appartenir à une communauté ? Quels en ont été les facteurs d’intégration et les facteurs de désintégration ?

Qu’a signifié historiquement pour nous la République, réellement, idéalement ? Où se situent les ruptures et les continuités depuis l’instauration de la société coloniale et esclavagiste ? Quels héritages et quelles incidences de la relation séculaire du Maitre et de l’Esclave dans la perception du politique ?

Quelles expériences politiques la mémoire guadeloupéenne a-t-elle capitalisé, a-t-elle réinterprété ? Quels sont les points de fusion et de ruptures de nos cultures politiques, c’est-à-dire de nos cultures historiques ?

Etc.

L’intervention tentera de tracer les cadres de cette réflexion d’histoire politique sans cependant prétendre à l’exhaustivité sur tous les plans abordés.

Jean-Pierre SAINTON, Historien, universitaire (UAG),

Auteur de différents travaux portant sur l’histoire sociale et politique de la Caraïbe, et plus particulièrement des Antilles françaises. A publié différents articles ainsi que les ouvrages suivants :

 « Mé 67 » ; Mémoire d’un événement. Pointe-à-Pitre, Soged, 1985, 263 p, (nouvelle édition revue et enrichie, éditions Lespwisavann, 2011). [En collaboration avec R. Gama]
 Rosan Girard ; Chronique d’une vie politique en Guadeloupe. Paris, Editions Karthala/ Jasor, 1993, 455 p.
 Les Nègres en politique. Couleur, identités et stratégies de pouvoir en Guadeloupe au tournant du siècle. Thèse de Doctorat d’histoire (2 vol.), Université de Provence, Villeneuve d’Ascq, Presses Universitaires du Septentrion, 1999, 717 p.
 La question statutaire en Guadeloupe, en Guyane et en Martinique ; éléments de réflexion. Pointe-à-Pitre, Centre d’Analyse Géopolitique et Internationale & Editions Jasor, 2000, 94 p [avec C.Emeri, J. Mérion, F.Reno],
 Construire l’histoire antillaise ; Mélanges offerts à Jacques Adélaide-Merlande, Paris, Editions du C.T.H.S, 2002, 550 p. [avec L.Abenon, D. Begot, et alii]
 Histoire et Civilisation de la Caraïbe (Guadeloupe, Martinique, Petites Antilles) : Structures et dynamiques de la construction des sociétés. Tome 1 : Le temps des Genèses ; des origines à 1685, Paris, Maisonneuve et Larose, 2004, 349 p. [direction d’ouvrage].
 Couleur et société en contexte post-esclavagiste ; la Guadeloupe à la fin du XIXe siècle, Pointe-à-Pitre, Editions Jasor, 2009, 172 p.

Actuellement sous presses

 La décolonisation improbable ; cultures politiques et conjonctures en Guadeloupe et en Martinique (1943-1967), Pointe-à-Pitre, Editions Jasor, 2012, 391 p. ( parution prévue février 2012).
 Histoire et civilisation de la Caraïbe (Guadeloupe, Martinique, Petites Antilles) ; le temps des matrices : Economies et cadres sociaux du long XVIIIe siècle, Paris, Editions Karthala, (parution prévue mars-avril 2012).

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