A lire : LKP, le mouvement des 44 jours…

Bitin Caraibe - 28/11/2010
Image:A lire : LKP, le mouvement des 44 jours…

Pour comprendre le "mouvement LKP"
Un livre de Frédéric Gircour & Nicolas Rey

Alors que la situation sociale ne cesse d’empirer, la Guadeloupe va marquer l’Histoire en déclenchant, le 20 janvier 2009, ce qui allait devenir la plus longue grève générale que la France ait jamais connue.

Une grève qui fera date pour avoir réussi un coup de maître : rassembler toutes les forces progressistes de l’archipel (associations, syndicats, partis de gauche et indépendantistes) au sein d’un collectif, le LKP.

Tout en faisant le récit de ces événements, en les replaçant dans leur contexte historique et en dressant le portrait de ses principaux protagonistes, les auteurs n’éludent aucune question : le LKP est-il un mouvement identitaire ou un mouvement social ? Quel est son rapport à la question de l’indépendance de la Guadeloupe ? La lumière sur le meurtre du syndicaliste Jacques Bino a-t-elle vraiment été faite, comme le prétend la version officielle, et que cache cette sombre affaire ?

Un livre pour comprendre un mouvement qui n’a pas fini de faire parler de lui.

L’introduction du livre

LKP, le mouvement des 44 jours…

Voilà un titre qui accroche, comme on dit dans l’édition ! Mais est-ce à dire que, pour les auteurs, le LKP se limiterait aux 44 jours de la grève générale qui ont secoué la Guadeloupe au début de l’année 2009 ? Non bien sûr, le collectif ne s’est pas dissous avec la suspension de la grève, pas plus qu’il ne s’était créé ex nihilo. Il s’inscrit dans un contexte bien plus large.

L’ambition du présent ouvrage est de donner les clés d’un mouvement original, qui plonge ses racines dans une tradition guadeloupéenne de résistance multiséculaire, de relater par le détail le conflit social qui a tenu la Guadeloupe et le monde (CNN et Al-Jazeera n’avaient-elles pas leurs envoyés spéciaux sur place ?) en haleine, de jeter un éclairage pointu sur ses enjeux, ses perspectives, ses conséquences. Les questions que ce mouvement soulève, comme nous le verrons, dépassent d’ailleurs très largement les frontières du petit archipel antillais.

Alors pourquoi ce titre peut-être réducteur de « mouvement des 44 jours » ? Serait-ce dans l’espoir secret, que l’Histoire retienne ce nom pour désigner les événements de cette période ? En fait, si nous avons choisi ce titre, c’est parce que ce nombre, 44, nous a paru particulièrement symbolique de la lutte sociale qui s’est livrée en Guadeloupe. Il dit l’endurance des grévistes, leur capacité de résistance, puisque jamais en France une grève générale n’avait atteint un tel nombre de jours. Il nous donne aussi une idée sur l’importance des sympathisants du mouvement car on conçoit aisément qu’une minorité, si bien organisée soit-elle, n’aurait pu paralyser l’économie de la Guadeloupe si longtemps si elle avait eu la population à dos…

Il nous dit la somme d’espoir et de révolte qui ont animé les manifestants pour tenir aussi longtemps. Ce nombre est lourd des sacrifices consentis par les Guadeloupéens, et comme trame de fond, il dessine des solidarités exemplaires et des lignes de fracture nouvelles. Ce nombre, 44, nous en dit aussi très long sur la nature des relations sociales qui prédominent en Guadeloupe : l’intransigeance implacable du grand patronat guadeloupéen qui n’entendait rien céder, la politique du pourrissement sur laquelle avait parié l’État…

C’est pour toutes ces raisons que nous avons choisi ce titre dans un ouvrage où nous aborderons aussi sans tabous toutes les questions qui font polémique, à commencer par les zones d’ombre qui entourent la mort du elkapiste Jacques Bino, mais aussi celles selon lesquelles le LKP serait un mouvement raciste et violent ou encore un mouvement cherchant à « avancer masqué » vers l’indépendance de la Guadeloupe. Dépasser les visions manichéennes avec lesquelles le LKP est généralement abordé ; le présenter à travers ses hommes et ses femmes, aux aspirations parfois différentes ; décrypter ce qui fait sa force et qui a enthousiasmé tant de Guadeloupéens venus grossir les rangs des manifestants rêvant de tracer un nouveau chemin pour la Guadeloupe ; montrer ses faux pas, ses errements et ses non-dits ; tels sont donc les principaux objectifs de ce livre que nous vous invitons à partager.


Guadeloupe : le mouvement des 44 jours

Collection "Le Présent Avenir"

Auteurs : Gircour Frédéric, Rey Nicolas

Parution : octobre 2010
Pages : 200 pages
Format : 150 x 215
ISBN : 9782849502631


Frédéric Gircour est enseignant en lettres-espagnol. Originaire de France hexagonale, il vit en Guadeloupe depuis cinq ans. Dès le début du mouvement social dans lequel il s’engage, il couvre les actions du LKP à travers le blog Chien Créole dont la renommée dépassera vite les frontières de l’archipel.

Nicolas Rey est professeur-chercheur à l’Université de Guadalajara (Mexique), d’origine guadeloupéenne, est l’auteur de nombreux ouvrages et articles sur la résistance créole et nègre durant l’esclavage, ainsi que sur les modes de vie et d’habiter des Antillais en France et dans la Caraïbe.

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 28/11/2010

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