Guadeloupe : Les belles histoires du "Gouverneur Fable"

30 janvier 2011 | FMH

Le 20 janvier 2011, date anniversaire du déclenchement du mouvement Liyannaj Kont Pwofitasyon, l’émission Retour sur la situation en Guadeloupe diffusée sur Public Sénat consacrait une partie de son reportage à la problématique des prix à la consommation en Guadeloupe.

Nous reproduisons l’échange entre Caroline Delage, présentatrice de l’émission, et Jean Fabre, dit “Gouverneur Fable”, préfet de la Guadeloupe.

L’émission est visionnable ici : http://www.dailymotion.com/video/xgobon_retour-sur-la-situation-en-guadeloupe_news.

Nous la conseillons à tous les citoyens de Guadeloupe afin qu’ils apprennent à mieux connaître ce grand homme que la métropole, dans sa grande bienveillance, a bien voulu offrir à ses lointains enfants. Le téléspectateur pourra ainsi ressentir l’extraordinaire charisme du “Gouverneur Fable”, sa capacité à répondre aux questions les plus malvenues d’une journaliste mal-intentionnée avec une prestance qui n’a d’égale que sa brillante élocution.

Nous renvoyons le lecteur au premier volet de notre enquête : Itinéraire d’une pwofitasyon soutenue par l’Etat.



Caroline Delage : Bonjour Jean Fabre.

Gouverneur Fable : Bonjour.

- Vous êtes le préfet de la Guadeloupe depuis novembre 2009. Vous êtes arrivé quelques mois après les évènements de février.

- Oui.

- Vous veniez de la Creuse. Vous avez pu remarquer, j’imagine, les différences de prix, notamment par rapport à la métropole, en arrivant ici ?

- Oui, il y a des différences de prix, heu…, mais il y a des, heu…, il y a des prix qui ne, qui n’ont pas de différence. Par exemple le prix de l’électricité est le même qu’en métropole parce qu’il y a un mécanisme de solidarité pour l’électricité.

[“Y’a des différences de prix mais y’a aussi des prix qui sont pas différents Et puisque vous me parlez des prix subissant une forte inflation entre la France et la Guadeloupe, je vais vous parler de ceux qui ne connaissent pas de différence” ! Voir Dominique Galouzeau de Villepin : “J’entends ceux qui manifestent mais j’entends aussi ceux qui ne manifestent pas” lors des manifestations anti-CPE de 2006 ; voir Victorin Lurel “Soyons optimistes. Il y a des jeunes en échec mais il y a des jeunes qui réussissent” lors du congrès du 28 décembre 2010 ; voir Rugby, “botter en touche” ; voir le terme “acrobatie”.]

- Pour le reste ?

- Pour le reste, nous sommes dans une île et il est évident qu’il y a des coûts qui tiennent à l’insularité.

[Et la question qui brûle les lèvres du téléspectateur à cet instant précis est : “A combien sont estimés ces “coûts qui tiennent à l’insularité” par vos services, Monsieur le préfet ?”]

- Ce que nous disent les distributeurs qu’on a rencontrés c’est qu’il y a ces dépositaires de marques qui faussent un peu le jeu puisque les supermarchés sont obligés d’acheter les produits à des dépositaires de marques qui fixent les prix, ce qui donc fait augmenter le prix d’achat. - Est-ce qu’on ne peut pas...

- Madame, Madame...

[Pé gyèl a w, fout ! Kité mwen di sa yo di mwen di épi pé bouch a w ti manzè !]

- … remédier à cette situation ?

- Bon, bon. D’abord il faut savoir qu’on vit dans un pays libéral. Les prix sont libres. Ce n’est plus l’Etat qui fixe les prix. Bon. Heu… Ensuite, s’il y a des abus dans la fixation des prix, dans le domaine des prix, on ne peut les sanctionner que si on découvre soit une situation monopolistique, un abus de situation monopolistique, soit des ententes illégales. En ce qui nous concerne, on a mis en place tout un dispositif, des agents de l’Etat et notamment le GIR Concurrence qui est chargé de relever effectivement tous les délits dans le domaine de la concurrence et des prix. Ces services s’activent. On a décelé certains abus mais il faut voir que, heu…, c’est pas non plus très simple d’arriver à les déceler. c’est clair aussi que c’est... qu’il y aurait plus de concurrence, ça permettrait de faire baisser les prix. Mais encore une fois, encore faut-il qu’il y ait des opérateurs qui viennent et qu’il y ait de la concurrence qui s’installe.

[“L’Etat ne peut rien faire pour arrêter la flambée des prix”. L’article 1 de la LODEOM ? Pas entendu parler ! L’article 410.2 du code du commerce ? Pas entendu parler ! Là encore le téléspectateur regrette que la journaliste n’ait pas simplement demandé au préfet s’il connaissait ces textes de lois et s’il savait pour quelles raisons ils ne sont pas appliqués en Guadeloupe. Quant à la fable sur le Groupe d’intervention régionale (GIR) Concurrence… Quels résultats depuis son instauration par Jean Fabre le 27 janvier 2010 ? “On a décelé des abus…” LESQUELS ? “Il faudrait de la concurrence mais il n’y en a pas”. C’est ballot. Ben, c’est pas grave, Jeannot. On n’y peut rien. C’est comme ça. Mais au fait s’il n’y a pas vraiment de concurrence, ce n’est pas qu’il y aurait des tendances monopolistiques ou des ententes, par hasard ? Non, on demande juste histoire de demander.]

[...]

- Quand on parle d’économie coloniale comment cela vous fait réagir ?

- Très honnêtement, aujourd’hui, c’est tout sauf une économie coloniale, à mon sens.

[Une économie qui ne produit pratiquement qu’à destination de sa métropole, qui ne consomme pratiquement que les biens produits par sa métropole et qui dépend entièrement de sa métropole pour sa survie alimentaire ne peut se voir qualifier d’“économie coloniale”. Reste à savoir comment il faudrait désormais appeler ce système de parfaite dépendance qui “est tout sauf une économie coloniale”.]

- Vous ne trouvez pas que le pouvoir économique est détenu par ce qu’on appelle communément les békés ou les blancs-pays ?

- Le pouvoir économique est détenu par, par heu, par des Guadeloupéens, hein. Et donc, je n’ai pas moi à entrer dans ces considérations. Moi ce qui m’intéresse c’est les gens ici qui ont des projets constructifs et qui veulent développer ce territoire ; pour le reste, vous savez, j’ai pas envie de rentrer dans des histoires du passé, heu, je crois que c’est l’avenir qui importe et l’avenir, il se fait avec tous les Guadeloupéens quelle que soit la couleur de leur peau.

[En même temps c’est logique. Si l’économie guadeloupéenne “est tout sauf une économie coloniale”, alors Bernard Hayot est tout sauf un grand béké martiniquais. Ca se tient. Sinon l’avenir se fait avec tous les Guadeloupéens quelle que soit la couleur de leur peau. Bon, tant pis si nous, nous préférerions que l’avenir se fasse PAR tous les Guadeloupéens quelle que soit la couleur de leur peau et non seulement AVEC. Monsieur le Gouverneur : Yékra !]

 

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